En 2023, 62 % des établissements supérieurs français déclaraient proposer au moins un cursus mêlant présence et distance, alors que ce chiffre ne dépassait pas 20 % en 2018. Plusieurs universités imposent aujourd’hui des quotas de cours hybrides dans leurs maquettes, poussées par les recommandations institutionnelles et la réforme de la formation continue.
Le cadre réglementaire évolue plus vite que les usages. Les outils numériques, initialement conçus pour pallier l’urgence, s’intègrent désormais à la conception pédagogique. Certains enseignants constatent que la frontière entre innovation et contrainte devient floue, tandis que les étudiants s’habituent à des formats d’apprentissage toujours plus modulables.
Enseignement hybride dans le supérieur : constats, enjeux et mutations récentes
Dans l’enseignement supérieur, le changement s’impose d’année en année : la formation hybride avance à grands pas et se décline aujourd’hui sous de multiples formats, mariant présentiel et distanciel. Le DiU Hybrider ses Enseignements dans l’Enseignement Supérieur (H2ES), développé par USCHOOL avec l’université polytechnique des Hauts-de-France et dispensé à Lille, accompagne les enseignants dans l’élaboration et la mise en pratique de dispositifs hybrides. Le but n’est plus seulement d’ajouter du numérique, mais bien de transformer la façon d’apprendre, de renforcer l’engagement des étudiants et de repenser la relation pédagogique.
Les habitudes changent vite. La typologie des dispositifs hybrides, élaborée dans le cadre du projet Hy-Sup puis actualisée par HyPES, identifie désormais plusieurs modèles : du simple apport d’outils numériques à l’intégration avancée de ressources et d’interactions à distance. Cette mosaïque reflète la variété des contextes, des profils universitaires et des besoins des étudiants. Hybridium Santé, par exemple, propose trois parcours : comprendre l’hybridation, créer des contenus, animer un cursus hybride. Ces démarches s’appuient sur des plateformes stables et évolutives, à l’image du Moodle de l’INSA de Rouen, aujourd’hui incontournable pour structurer un parcours et ouvrir de nouvelles perspectives pédagogiques.
Les défis se concentrent sur la qualité de la médiation et du suivi. La scénarisation pédagogique devient la pierre angulaire pour garantir la cohérence entre objectifs, activités et évaluations. Les enseignants apprennent à intégrer les ressources numériques pas à pas, pendant que les étudiants développent leur autonomie et s’initient au travail collaboratif. Les publications universitaires et les analyses de Charlier et Deschryver rappellent à quel point il est nécessaire de repenser collectivement l’articulation entre dispositifs, ressources et organisation du temps d’apprentissage.
Quels outils et méthodes transforment aujourd’hui l’expérience pédagogique des étudiants ?
La formation hybride dans le supérieur s’appuie sur une convergence d’outils numériques et de méthodes revisitées. Les plateformes d’apprentissage en ligne se sont imposées comme de véritables campus numériques : elles permettent le suivi, l’interaction, le partage de ressources. Chaque module, chaque parcours, s’organise autour d’une scénarisation précise : tâches planifiées, objectifs clairs, évaluations adaptées aux rythmes et aux attentes des étudiants.
À cela s’ajoute l’intelligence artificielle, qui devient peu à peu un allié du quotidien. L’IA adapte les contenus, repère les points de blocage, signale les réussites. Un cadre hybride-IA se dessine autour de quatre temps : analyse des besoins, conception pédagogique enrichie, déploiement avec accompagnement, évaluation continue. L’enseignant évolue vers un rôle de guide, soutenant les étudiants dans un parcours où l’autonomie et l’interactivité prennent toute leur place.
Pour mieux cerner la diversité des outils mobilisés, voici ceux qui s’imposent progressivement dans les pratiques :
- Ressources numériques : vidéos, quiz interactifs, études de cas, réunis dans la bibliothèque Hybridium.
- Outils collaboratifs : forums, classes virtuelles, ateliers synchrones et asynchrones qui stimulent les échanges.
- Évaluation formative : un suivi continu, enrichi par les learning analytics et les retours personnalisés.
La pédagogie active prend de l’ampleur. Présentiel et distanciel se combinent dans un même élan, sans rupture. Les étudiants s’engagent, expérimentent, construisent leurs propres savoirs dans un environnement où l’accompagnement personnalisé et l’amélioration permanente ne sont plus des options. Les démarches menées par Vincent Six ou Hybridium Santé illustrent cette volonté de renouveler les méthodes, sans céder à la facilité technologique, mais avec pour boussole l’émancipation de chacun et la transformation collective. L’enseignement supérieur ne se contente plus de suivre le mouvement : il le façonne, chaque jour un peu plus.